6.3 - Le sauvetage par les camarades








Lorsqu'un accident d'avalanche arrive, on ne peut compter, dans un premier temps. que sur les compagnons rescapés. Ce sont donc eux : qui démarreront le sauvetage.

On l'a déjà dit et répété : garder son sang-froid est la condition «sine qua non» pour organiser efficacement un sauvetage.

 

Évaluer la gravité de l'accident et choisir la stratégie de sauvetage

Désigner un chef des opérations, un coordonnateur

Organiser la recherche

Dégager les ensevelis

Évaluer l'état des blessés, et procéder aux premiers soins

Préparer l'évacuation des blessés


Selon les cas, celui -ci pourra être poursuivi jusqu'à l'arrivée des secours organisés qui prendront le relais, ou devra être interrompu. pour aller donner l'alerte (voir la fiche n° 6.1 principes de base d'un sauvetage).

Avant toute chose. il faudra lutter contre le sentiment de panique qui inexorablement aura tendance à neutraliser vos facultés de jugement.

Voici quel est le déroulement logique et même chronologique des opérations.

 

Évaluer la gravité de l'accident et choisir la stratégie de sauvetage

Quelques secondes après l'avalanche, on doit savoir faire le point. Ou l'accident apparaît bénin, ou il est grave (saut de barres, avalanche énorme, des disparus). La stratégie mise en oeuvre pour le secours va dépendre de cette première et rapide évaluation.

Désigner un chef des opérations, un coordonnateur

Il faut que quelqu'un prenne la situation en main. C'est le rôle du plus expérimenté ou de celui qui paniquera le moins. En effet, un père ou un époux peut, dans une telle situation, ne plus être en possession de ses moyens normaux. Dans le cas où il n'y a qu'un ou deux rescapés, l'issue peut fort bien dépendre de leurs réactions.

Organiser la recherche

L'organisation de la recherche doit être efficace et démarrer le plus vite possible. Comme déjà dit, il est indispensable qu'une personne joue le rôle du chef des secours afin de coordonner les efforts de chacun. Rappelons que le temps joue fatalement contre les disparus. Il faut savoir en effet, que la probabilité de retrouver un disparu avec 50% de chances pour qu'il soit vivant signifie un dégagement en moins d'une demi-heure. Si on veut que la probabilité monte à 70%, le dégagement doit être effectué en 8 minutes.
Préalablement à la recherche proprement dite, il est indispensable :

  • de baliser le point où la victime a été vue la dernière fois
  • de regarder et d'écouter attentivement
  • de mettre en place un guetteur

Tout de suite après se pose le problème de la méthode de recherche. Plusieurs cas de figure sont à envisager en fonction de l'équipement de la victime et des rescapés :

le disparu est équipé d'un ARVA.
On déterminera, en fonction de la taille de l'avalanche et du nombre de rescapés capables de participer à la recherche, les zones à prospecter par les sauveteurs ainsi que les techniques de balayage. Les méthodes à employer ont été décrites dans la fiche n° 3.2. Rappelons tout d'abord que le premier signal doit être recherché avec un niveau de réception sonore maximum. De plus, il est inutile de chercher en amont du lieu où la victime a été vue, de manière certaine, pour la dernière fois. Bien souvent, on aura intérêt à imaginer le trajet suivi par le disparu et à estimer l'endroit où l'avalanche a déposé la victime. On peut ainsi gagner un temps précieux.

le disparu n'est pas équipé d'un ARVA.
Il faudra opter pour un sondage rapide, à 1 mètre ou 1,5 m., qui sera effectué avec les moyens du bord (ski ou bâton sans rondelle à défaut de bâtons-sonde). Le sondage s'effectuera en priorité dans les zones jugées préférentielles (replats, amont d'obstacles, bords de l'avalanche). La probabilité de retrouver ainsi la victime rapidement et vivante est alors bien plus faible que dans le cas où la victime est équipée d'un ARVA en marche. Si vous n'êtes que deux ou seul, comme cela a été dit précédemment, il vaut mieux consacrer 20 minutes à une demi-heure pour essayer de sauver le ou les disparus puis partir chercher les secours (voir la fiche n° 6.1 et la fiche 7.1).

Dégager les ensevelis

Grâce aux ARVA ou par sondage improvisé, le disparu a été localisé. Il n'est pas encore sauvé, car le dégagement peut demander beaucoup de temps selon votre équipement (pelle) et en fonction de la profondeur. Par sondage vous avez une idée de la quantité de neige à remuer. Si la victime est sous une faible épaisseur de neige, on fera tout pour la dégager au plus vite. Si elle se trouve sous plus d'un mètre, il faudra d'abord réfléchir à la technique la plus efficace (compromis rapidité/fatigue en fonction du nombre de pelleteurs). Creuser un trou pour extraire une personne ensevelie sous un mètre de neige peut demander 15 à 20 minutes avec une pelle, et une heure ou plus sans pelle. Ces chiffres se passent de commentaires.
Lorsque cela est utile (tempête, pas d'évacuation immédiate envisageable), on s'efforcera d'aménager le bord aval du trou en une plate-forme qui sera à l'abri des intempéries. Réanimation et soins pourront se faire sans aggraver l'état de la victime. Il faudra toujours être vigilant à déplacer avec précautions les blessés car ils peuvent présenter des fractures multiples bien souvent non détectables. Entre autres, il ne faudra pas sortir les ensevelis en les tirant plus ou moins violemment par les membres. En cas de suspicion de grosses fractures (colonne, crâne, fémur) l'évacuation par hélicoptère s'impose, si les conditions le permettent. Il sera alors préférable de laisser la victime à l'abri dans son trou qui sera aménagé en conséquence.

Évaluer l'état des blessés, et procéder aux premiers soins

La ou les victimes ont été sorties avec précautions de leur prison de neige. Il faut tout de suite avoir une idée des soins immédiats à prodiguer : assistance respiratoire (désobstruction des voies respiratoires encombrées par la neige, bouche-à-bouche, massage cardiaque), polytraumatismes à soigner, hypothermie à combattre. Nous verrons dans la fiche n° 6.4 les premiers soins à donner à une victime. En l'absence de spécialiste (secouriste opérationnel, infirmier, médecin) les sauveteurs improvisés s'efforceront de réagir «au mieux» en isolant (emballage) et évitant une déperdition thermique supplémentaire (couverture de survie) les victimes d'hypothermie, en pratiquant bouche-à-bouche et massage cardiaque jusqu'à ce qu'un médecin examine la victime. Rappelez-vous que seul un médecin peut déclarer qu'une personne est décédée ; des victimes considérées comme perdues mais toujours sous respiration artificielle et massage cardiaque ont été sauvées à l'hôpital. Il est certain qu'un arrêt de la ranimation aurait été fatal.

Préparer l'évacuation des blessés

Actuellement, en France, 98 % des évacuations ont lieu par hélicoptère. C'est la solution la plus rapide et médicalement la plus sûre. Si les conditions ne permettent pas à l'hélicoptère de venir,l'évacuation sera effectuée par une caravane de sauveteurs (transport du blessé avec une perche Barnaud ou un brancard Peguillem).L'évacuation par les camarades ne devra être envisagée que dans l'hypothèse où la victime est très légèrement blessée et où le vol de l'hélicoptère est impossible. Parfois l'attente dans un lieu sûr (refuge ... ) constitue une bonne solution intermédiaire pour les cas bénins.

  • évacuation par hélicoptère

Le premier point à voir est la détermination d'une D.Z. (Dropping Zone ou zone d'atterrissage pour l'hélico). Elle doit être suffisamment plane (pour que les pales du rotor ne touchent pas la pente) et dégagée (arbres, câbles à proximité). Si l'hélicoptère ne peut pas se poser, le blessé sera soit treuillé, soit transporté avec précautions par l'équipe de secours (en «matelas coquille Il bien souvent) jusqu'à l'aire d'atterrissage. L'hélicoptère doit toujours être approché par l'avant avec circonspection, en se rappelant que le pilote doit toujours vous voir afin de décoller  immédiatement si besoin est. Ainsi, on n'approchera jamais un hélicoptère par l'arrière, le rotor de queue balayant une zone mortelle totalement invisible à l'oeil nu. De même, l'approche avec des skis se fera toujours par devant en portant ceux-ci horizontalement. (voir plaquette Roca)

  • évacuation avec les moyens de fortune

C'est donc principalement lorsqu'il fait mauvais temps et que l'accident est bénin que l'évacuation est réalisée par les camarades. Le moyen le plus utilisé est le traîneau démontable dont une grande variété de modèles existe sur le marché. Ce moyen met la victime à mal car le confort est plus que médiocre. En l'absence de ce matériel, on pourra tenter de fabriquer un traîneau de fortune avec le matériel disponible sous la main (bâtons, pelle, ski).

 

NE JAMAIS CÉDER AU DÉCOURAGEMENT
GARDER ESPOIR TANT QUE TOUT N'A
PAS ÉTÉ TENTÉ

POUR LES BLESSÉS GRAVES
NE JAMAIS PROCÉDER SOI-MÊME A L'ÉVACUATION
(sauf si il y a un risque de sur-accident)