4.4 - Les facteurs humains augmentant le risque






Il est délicat de parler de ces facteurs car ils sont éminemment variables et peuvent être liés au groupe ou aux personnes.

 

Le nombre

Le manque de temps, le retard, la précipitation

La méconnaissance de ses limites

L'insuffisance de compétences techniques

La méconnaissance des lieux

 

Malgré tout, il faut donner quelques considérations sur ces facteurs qui peuvent intervenir à plusieurs niveaux, à savoir :

  • sur les conditions de déclenchement de l'avalanche (augmentation de la surcharge soit ponctuellement, soit sur une plus grande surface .... )
  • sur l'augmentation du niveau de risque (méconnaissance du risque ou sous-estimation, attente et manque de temps, mauvais choix de traces, fatigue .... )
  • sur l'efficacité des premiers secours (affolement, ignorance, incompétence .... )

Voici quelques remarques sur les facteurs humains ayant une incidence sur la sécurité

Le nombre

La sécurité objective n'est pas la même si vous circulez en montagne en petit groupe ou en grosse collective. Contrairement au sentiment couramment ressenti, le nombre donne, en montagne, une fausse illusion de sécurité. De façon certaine, il entraîne perte de temps et retard dès qu'il y a un passage délicat. Une randonnée s'appelle une «course, justement parce qu'il faut parfois lutter de vitesse contre le temps. C'est principalement le cas lorsque le mauvais temps arrive, ou lorsque la neige se ramollit trop sous l'action du soleil. Le nombre sera alors un handicap.

Mais le cas le plus dramatique provient de l'excessive surcharge qui va s'exercer sur le manteau neigeux si les skieurs restent groupés dans les passages délicats. Nombre d'accidents au bilan catastrophique s'expliquent ainsi. La plaque aurait tenu pour deux ou trois, mais pour cinq ou six elle casse. Parfois même, le premier passe, et l'avalanche se déclenche au passage des deux suivants. On prendra garde, si les conditions sont un tant soit peu critiques, d'avoir présent à l'esprit les quelques recommandations données dans la fiche n° 4.5.

Dans un groupe, l'homogénéité est un facteur de sécurité. Il est touj ours plus agréable et sûr de parcourir la montagne avec des gens de niveau à peu près égal. La montée comme la descente se feront au même rythme, il n'y aura pas de temps morts, tout le monde ira au sommet, et si le mauvais temps arrive, la solution à adopter sera la même pour tous.

Le fait d'être solitaire est à coup sûr, en cas de difficulté un facteur négatif. Vous n'aurez alors personne pour vous prêter main forte ou vous porter secours. Mais il peut arriver que l'on se trouve seul en montagne. On prendra alors quelques précautions raisonnables, comme celle de toujours signaler le lieu de sa sortie et l'heure à laquelle on devrait être rentré (et on prendra bien garde de ne pas changer d'itinéraire en cours de course). On connaît plusieurs cas de skieurs disparus sous une avalanche qui ont été ainsi sauvés, leur entourage ayant réagi avec rapidité. Inversement, les annales signalent plusieurs cas de solitaires retrouvés sans vie après de longues recherches, bien loin de l'itinéraire annoncé.

Le manque de temps, le retard, la précipitation

Les retards proviennent souvent d'une mauvaise évaluation des conditions de la course, d'un horaire calculé trop juste, de la surestimation des capacités techniques des skieurs ou de tout autre facteur imprévu induisant une modification donc un retard. Le mauvais temps est souvent une cause importante de retard.
Le temps dont on dispose pour effectuer une course est un élément de sécurité essentiel. Il peut être nécessaire de franchir tel passage délicat avant qu'il devienne dangereux ou d'être redescendu avant les heures chaudes de la journée pour éviter les avalanches de fonte ou d'avoir regagné le refuge avant l'obscurité. Pressé par le temps, les décisions sont souvent prises hâtivement, sans que le tour du problème ait été fait. En montagne, on dit parfois «qu'il faut se hâter lentement». Ce qui signifie que toute action ou toute décision doit être prise après mûre réflexion. La précipitation ne doit pas être confondue avec la vitesse, car on peut très bien effectuer une course avec maîtrise et rapidité. La précipitation s'accompagne d'une trop grande rapidité de jugement qui conduit à se tromper parfois gravement sur la difficulté ou le danger d'un passage. On se méfiera de l'émulation que peut engendrer la compétition entre deux groupes «qui se tirent la bourre», chacun voulant être le premier à tracer la pente vierge convoitée. On se méfiera aussi des itinéraires «tirés au plus court» pour épargner un participant fatigué : c'est aussi souvent «au plus risqué».
Enfin, quand on préparera sa sortie, on calculera un horaire large pennettant une bonne marge de manoeuvre en cas d'imprévu.

La méconnaissance de ses limites

C'est une qualité majeure que de connaître ses propres limites. de savoir bien jauger ses capacités. On ne saurait être un vrai alpiniste sans cette grande qualité. Si tel n'est pas le cas, tôt ou tard des erreurs de jugement conduiront à des situations dangereuses. En groupe, il faut choisir un leader qui possède cette clairvoyance, afin qu'il ne vous engage pas dans des impasses (en montagne, les conséquences sont rarement anodines).

Dans les milieux naturels difficiles, comme la montagne, la mer, les déserts, l'humilité face à la Nature devrait être une philosophie. Tout nous montre que notre présence est tout juste tolérée, et que la nature nous domine avec force.

L'insuffisance de compétences techniques

Une mauvaise connaissance de la montagne, une technique en ski insuffisante, une méconnaissance des règles élémentaires de sécurité (et du maniement des ARVA) diminuent la sécurité du groupe. Ils entraînent des retards qui accroissent les risques d'accident.

C'est un problème lié au précédent car si vous êtes bien conscient de vos capacités, alors vous ne vous engagerez pas dans des courses ou des passages que vous ne maîtrisez pas. Il est très rare que l'on se trouve, par le jeu de conditions totalement extérieures, pris dans une situation imprévisible. En ce cas, de vos capacités de réaction dépendra l'issue de l'aventure.

La méconnaissance des lieux

C'est un défaut qui a ses remèdes. L'étude détaillée de l'itinéraire apporte une connaissance de fond qui peut se compléter par les informations écrites ou orales glanées à droite ou à gauche.

EN GROUPE, ATTENTION
  • aux pertes de temps (dans les passages délicats)
  • aux surcharges (plaques à vent, versants ... )
  • à la multiplication des traces (déstabilisation de la neige)
  • à respecter les précautions (qui sont contraignantes et engendrent des attentes)