2.2 - Quelles informations consulter avant le départ
Le bulletin d'analyse du manteau neigeux |
La connaissance des conditions nivologiques, de la situation météorologique et de leur évolution prévisible au cours de la journée permet au skieur de montagne d'évaluer les risques auxquels il va être confronté dans les heures à venir (voir fiche n° 4.1 «évaluation globale du risque»).
Nous allons passer en revue les diverses sources d'information qui sont à sa disposition. L'ensemble de ces renseignements complémentaires les uns des autres donnera une bonne idée des conditions du moment et permettra de minimiser les risques encourus.
Il est aujourd'hui dans les habitudes de téléphoner «à la météo» pour connaître la prévision du temps. Les considérables progrès qu'a fait la science de la prévision météorologique (qui, disent certains, est passée de l'état de science divinatoire à l'état de science exacte!) se sont traduits par une consultation presque systématique des répondeurs automatiques spécialisés en montagne. Rares sont les changements de temps ou les perturbations qui ne sont pas prévus.
Pour les zones de montagnes, un bulletin à la fois météorologique et nivologique est diffusé. Il est ainsi possible de connaître la prévision du temps, l'état du manteau neigeux et son évolution compte-tenu de l'évolution probable du temps. Ce bulletin est élaboré journellement à partir des mesures qui sont transmises téléphoniquement au centre d'Etudes de la Neige à Grenoble-St Martin d'Hères par quelques 80 postes d'observation. Malheureusement, ces postes, souvent dans des stations de ski, ne transmettent plus de données après la fermeture des stations (début mai). Il n'y a donc plus de bulletin au moment où le ski de printemps bat son plein. A savoir que dans le cadre d'une régionalisation de la prévision nivo-météo, les bulletins sont élaborés localement.
Le bulletin d'analyse du manteau neigeux
En complément du bulletin nivo-météo, il existe un bulletin d'analyse du manteau neigeux qui est réalisé plusieurs fois par mois. Ce bulletin donne les phénomènes marquants depuis le précédent communiqué, l'analyse par massif avec les chutes de neige et l'état du manteau neigeux (Alpes et Pyrénées).
L'échelle de risque d'avalanche
C'est un outil remarquable que la Météorologie Nationale a donné aux montagnards. Compte tenu de l'analyse des conditions nivo-météo et de la prévision du temps, une appréciation chiffrée du risque d'avalanche est donnée par massif. Cette échelle (voir le tableau) comporte 8 degrés et il n'y a pas de degré zéro. En montagne, le risque nul n'existe pas. En effet, dès qu'on a une pente et de la neige, il y a danger.
L'échelle tient compte à la fois du risque accidentel (déclenchement intempestif par un skieur) et du risque naturel (dont le seuil d'occurrence est toujours supérieur à l'accidentel). Cette échelle est croissante, le risque augmentant du premier degré jusqu'au 8ème. Les deux derniers échelons concernent les situations catastrophiques qui sont exceptionnelles. Enfin, il faut souligner l'ambiguïté du niveau 4 (risque accidentel fort), placé entre le risque accidentel modéré (situation courante en hiver) et le risque naturel modéré (coulées au printemps l'après midi). Ce quatrième degré, heureusement peu fréquent, correspond pour le skieur à une situation très dangereuse puisque les avalanches accidentelles sont fort probables (nombreuses plaques à vent instables).
ECHELLE EUROPEENNE DE RISQUE D'AVALANCHE à l'intention du public pratiquant la montagne hors des pistes balisées et ouvertes |
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FAIBLE | Le manteau neigeux est bien stabilité dans la plupart des pentes. | Les déclenchements d'avalanches ne sont en général possibles que par forte surcharge3 sur de très rares pentes raides1. Seules des coulées ou petites avalanches peuvent se produire spontanément. |
LIMITE | Dans quelques2 pentes suffisamment raides, le maneau neigeux n'est que modérément stabilité. Ailleurs, il est bien stabilisé. |
Déclenchements d'avalanches possibles surtout par forte surcharge3 et dans quelques pentes généralement décrites dans le bulletin. Des départs spontanés d'avalanches de grande ampleur ne sont pas à attendre. |
MARQUE | Dans de nombreuses2 pentes suffisamment raides, le manteau neigeux n'est que modérément à faiblement stabilisé. | Déclenchements d'avalanches possibles parfois même par faible surcharge3 et dans de nombreuses pentes, surtout celles généralement décrites dans le bulletin. Dans certaines situations, quelques départs spontanés d'avalanches de taille moyenne, et parfois assez grosse, sont possibles. |
FORT | Le manteau neigeux est faiblement stabilité dans la plupart2 des pentes suffisamment raides. | Déclenchements d'avalanches ptopable même par faible surcharge3 dans de nombreuses pentes suffisamment raides. Dans certaines situations, de nombreux départs spontanés d'avalanches de taille moyenne, et parfois assez grosse, sont à attendre. |
TRES FORT | L'instabilité du manteau neigeux est généralisée. | De nombreuses et grosses avalanches se produisant spontanément sont à attendre y compris en terrain peu raide. |
1. Pentes partIculièrement propICes aux avalanches en raIson de leur déclivité, de la configuratIon du terrain, de la proximité des crêtes...
2. Les caractéristiques de ces pentes sont généralement précisées dans le bulletin : altitude, exposition, topographie ...
3. Surcharge indicative : forte (par exemple skieurs groupés) ou faible (par exemple skieur isolé, piéton).
Le terme déclenchement concerne les avalanches provoquées par surcharge, notamment par le(s) skieur(s). Le terme départ spontané concerne les avalanches qui se produisent sans actions extérieures.
Si vous êtes dans votre propre massif, un de vos collègues peut avoir fréquenté la zone où vous vous rendez. Il est toujours profitable d'avoir des renseignements récents sur l'état de l'enneigement, les avalanches déjà descendues, l'état des ponts de neige sur les torrents ou toute autre information à caractère éphémère.
Si vous êtes dans un massif que vous n'avez pas fréquenté depuis un certain temps, vous aurez une bonne perception de l'état dans lequel se trouve la montagne en interrogeant un «professionnel» du terrain. Vous éviterez ainsi de prendre des risques inutiles par méconnaissance.