4.5 - Les précautions à prendre en cours de déplacement
PRÉCAUTIONS A PRENDRE EN PÉRIODE AVALANCHEUSE
• choisir une course peu exposée (forêt, basse altitude, pente faible, versant protégé du vent....)
• ne pas hésiter à modifier son programme, à annuler
• si il y a à franchir une zone douteuse :
- détecter les zones à risque
- n'engager qu'une seule personne à la fois
- bien la suivre des yeux
- dégager dragonnes, lanières et une bretelle du sac
- se couvrir et mettre un foulard sur la bouche
- éventuellement s'encorder
- s'abriter en zone sûre
- ne pas laisser les suivants venir groupés
- apprécier les éléments de terrain aggravant les conséquences de l'avalanche (barres, ruisseaux,ravin)
- bien juger une pente avant de la tracer en descente
- ne pas céder à l'euphorie, facile en groupe, surtout à la descente quand il s'agit de faire la première trace...
AU COURS DE LA MONTÉE
AU COURS DE LA DESCENTE |
Sur le terrain, on peut s'exposer plus ou moins au danger. L'objet de cette fiche est de minimiser l'exposition du randonneur au danger d'avalanche. Celui-ci aura, au préalable, préparé son itinéraire et sera porteur du matériel de sécurité adéquat.
Il est assez rare qu'une course soit bien tracée de bout en bout. La trace devrait toujours être un compromis entre le cheminement le plus logique, le plus économique et le plus sûr. La trace ne doit pas faire de détours inutiles, elle doit vous faire marcher à effort constant, sans à-coup (les variations de rythme ou de régime sont tuantes) et elle ne doit pas vous exposer à des dangers objectifs (chutes, avalanches, crevasses, pierres ou séracs, barres de rocher ... ).
Une trace bien faite est toujours esthétique et devrait vous arracher ce cri d'admiration: «oh! on dirait du Samivel ... !»
Question sécurité, la trace ne doit pas vous conduire dans des pentes trop raides (difficulté pour tourner ou faire des conversions, pentes avalancheuses), ni vous faire traverser des zones exposées à des dangers objectifs (attention aux plaques à vent, méfiez-vous des corniches, surveillez les débouchés de couloirs. évitez les passages au dessus de barres).
AU COURS DE LA MONTÉE
Quand on fait, après coup bien sûr, l'analyse des accidents d'avalanche, on voit qu'ils auraient pu être évités par le choix d'un itinéraire judicieux. Les traces existantes ne sont pas forcément les meilleures pour les conditions du moment. Ces conditions évoluent et tel passage qui était sûr hier peut se révéler dangereux aujourd'hui. En règle générale, on pensera toujours à critiquer la trace existante, en fonction des conditions nivologiques et aussi de l'heure. Si les conditions sont douteuses. on évitera les zones où la neige s'est accumulée. Ces endroits se détectent au planter de bâton, la couche de neige perforée par le bâton devenant de plus en plus épaisse. Les indices laissés par l'action du vent (voir fiche n°1.2) doivent immédiatement attirer votre attention. Les endroits décapés par le vent sont toujours plus sûrs que les zones chargées. Ainsi, on préférera monter par une crête sans neige plutôt que par un raide couloir trop enneigé. Les corniches, saufen cas de brouillard. sont faciles à éviter. Il n'en est pas de même pour les plaques à vent qui seront à repérer, plus en fonction du relief que par leurs signes distinctifs (pas toujours évidents à noter). La topographie (plus facile à déchiffrer) et la direction du vent (traces au sol) sont les clés pour localiser ce piège qui est responsable de 3 accidents d'avalanche sur 4. Donc, méfiance !
Si on est amené à traverser à la montée une zone dangereuse, la fuite vers le bas est très difficile en peaux de phoque, d'autant plus que c'est le traceur qui généralement déclenche l'avalanche. Le temps de réagir, et le skieur se trouve déjà emporté. les skis recouverts. Le traceur sera donc amené à anticiper et il adoptera quelques attitudes préventives. Tout d'abord, un seul skieur s'engagera dans la zone douteuse, et sera attentivement suivi par ses collègues. Il se fera naturellement le plus léger possible, évitant de solliciter la neige par des à-coups ou des conversions brutales. C'est ce que les montagnards appellent «marcher sur des oeufs». On préconise à juste titre, de dégager ses dragonnes. d'enlever ses courroies de sécurité et de porter le sac engagé par une seule bretelle (on peut aussi bannir les lanières en utilisant des stop-ski et fenner ses dragonnes par un velcro qui lâchera en cas de besoin). Si la neige est poudreuse et froide, on conseille aussi de se couvrir (une doudoune) et de porter un foulard sur la figure, foulard qui aura pour objet de vous protéger les voies respiratoires afin de ne pas inhaler de la poussière de neige.
Dans certains cas, il sera plus prudent de traverser un passage délicat et court à la descente. Ceci obligera le skieur à gravir quelques mètres ou dizaines de mètres en plus, mais en cas de déclenchement, il sera en bien meilleure position pour s'en tirer. Parfois, il est plus simple de passer à pied et même de s'encorder. Il faut savoir que le poinçonnement par les chaussures est moins dangereux pour la rupture d'une plaque que la surcharge transmise par les skis, surcharge qui affecte tout le manteau neigeux en faisant céder les ancrages les moins solides. Le passage une fois franchi, il importe de stationner à l'abri. Il ne faut pas s'arrêter trop bas dans ce qui peut être encore la zone présumée de départ de l'avalanche. On prendra garde aussi de ne pas se mettre sous une autre avalanche. Vous pouvez faire alors monter les autres coéquipiers. Pas tous à la fois, de grâce ! Trop d'accidents ont encore lieu de la sorte, le premier étant passé, le passage est déclaré non avalancheux, et tout le monde suit groupé.
On se rappellera quand même que le demi-tour est parfois la solution la plus raisonnable.
AU COURS DE LA DESCENTE
Une grande partie des remarques fonnulées à propos de la montée restent valables. Malgré tout, si vous déclenchez une avalanche, il est plus facile de lui fausser compagnie à la descente car vous avez déjà de la vitesse.
Lorsque les conditions sont propices aux avalanches, il faudra être très circonspect vis-à-vis des combes bien enneigées, souvent à cause d'un vent modéré auquel vous n'aurez pas prêté attention. On essayera, dans la mesure du possible, de tracer sa godille en pleine ligne de pente, afin de ne pas déstabiliser le panneau suspect. Les skieurs débutants sont, dans ce cas de figure, plus exposés au risque. En effet, ils ont la tentation de faire une grande traversée descendante suivie d'une conversion bien appuyée, et même ponctuée de chutes. Cette manoeuvre a pour résultat de découper le manteau en supprimant les ancrages amont. C'est d'ailleurs la plus vieille technique utilisée par les pisteurs pour purger les pentes ...
Il faudra aussi se méfier des changements de pente, car comme on l'a vu (fiche n°4.3) les forces de traction dues à la pesanteur s'exercent plus activement sur la partie raide. C'est d'ailleurs à cet endroit précis que les avalanches partent naturellement comme vous l'avez sûrement déjà constaté.
Il faut toujours avoir présent à l'esprit ce qui se passerait si la pente que vous skiez se déclenchait. Cette attitude vous permettra d'éviter les pièges qui aggravent les conséquences de l'avalanche. Quels sont-ils ? On peut citer les barres de rocher (la chute est souvent plus grave que l'enfouissement sous la neige), les ravins, ruisseaux ou petits talus (grosses accumulations de neige sur la victime, qui est écrasée par plusieurs tonnes de neige).
Enfin, on n'oubliera pas que la forêt offre toujours un refuge contre l'avalanche. Même si elle est inextricable, on la préfèrera au terrain découvert si les conditions sont trop «limites». Mais là aussi, on évitera les bords de talus. les creux et les fonds de ravins.
Il faut être en permanence sur ses gardes afin de détecter les zones les plus dangereuses. Lorsque vous avez à en franchir une, n'engagez qu'une personne à la fois. Faites la surveiller par quelqu'un afin qu'en cas d'avalanche, vous sachiez exactement à quel endroit elle a été vue pour la dernière fois. C'est essentiel pour ne pas perdre de temps en recherches mal localisées. Lorsque le premier a franchi le passage. ne relâchez pas les consignes de sécurité. Même si la tentation de faire une trace avant les copains vous tenaille les entrailles, soyez raisonnable et attendez votre tour. On a vu trop souvent une pente douteuse se déclencher au passage du 5ème ou 10ème skieur. Si les consignes sont respectées (voir précautions à la montée) et s' il n'y a bien qu'un seul skieur à la fois, on n'aura à rechercher qu'une seule victime. Et c'est appréciable.
Afin de ne pas solliciter le manteau neigeux qui est justement instable, on attaquera la descente dans la ligne de plus grande pente. On essayera de choisir un axe qui est protégé par un petit éperon ou un gros rocher et on déterminera avec soin les points de repos ou de regroupement. Dans certains cas, il sera préférable d'enchaîner la descente sur une grande dénivellation, la pente n'ayant aucune faiblesse qui puisse offrir un abri en cas de rupture (entre parenthèses, les gens sérieux auront proscrit ce type de course en période avalancheuse, telle Ramu en Oisans, connu pour les accidents qui s'y sont déjà produits).