5.1 - Les signes annonciateurs d'une avalanche






On est en droit de se poser cette question : y a-t-il des signes précurseurs lorsqu'une avalanche se déclenche ? Et n'est-il pas trop tard pour réagir lorsque ces signes sont perçus ?

 

Cas de la neige fraîche

Cas de la plaque à vent

Cas de la neige lourde

 

Nous avons vu dans les fiches n° 4.1 à 4.5 les indices qui montrent que les conditions sont propices au déclenchement des avalanches. On se rappellera le rôle important du vent, l'effet du relief, la «vie» de la neige qui peut augmenter la fragilité du manteau neigeux. Tous ces éléments indiquent une instabilité latente de la neige. L'avalanche est prête à partir, soit toute seule, soit par surcharge accidentelle (passage d'un skieur ou d'un animal mais aussi rupture d'une corniche ou décharge d'un sapin).

Que se passe-t-il au moment même où l'avalanche se produit ? Nous allons l'examiner en fonction des types de neige : neige fraîche, plaque et neige humide.

Cas de la neige fraîche

Dans ce cas, c'est le poids de la neige ( hauteur de neige récente soumise à la composante de la pesanteur dans l'axe de la pente) qui détermine le départ de l'avalanche. Quels signes avant-coureurs peuvent mettre en garde le skieur? Sur des pentes plus raides, on observe des déclenchements spontanés de petites coulées (en effet, le point de rupture d'équilibre est atteint pour une hauteur de neige plus faible). On note aussi des tassements de la neige lorsque l'on fait la trace dans la pente, trace qui se révèle profonde. Ces petits effondrements peuvent se propager et entraîner la rupture de toute la couche. Le bruit feutré que l'on perçoit alors est simultané avec le départ de l'avalanche, et il est trop tard pour réagir.
Le comportement le plus sage que l'on puisse préconiser est le demi-tour, et la descente si la quantité de neige fraîche le permet. En effet, ce type de situation se produit généralement pendant de fortes chutes de neige, qui voient s'accumuler en quelques heures des dizaines de centimètres de neige légère.

Cas de la plaque à vent

Le skieur averti aura certainement détecté le piège avant même de s'y engager. Le relief, la neige modelée par le vent, les sur-épaisseurs de neige, une corniche ou d'éventuelles congères l'auront mis en alerte. Comme signes avant-coureurs on peut noter l'effondrement en zone horizontale ou peu pentue de plaques qui libèrent l'air emprisonné en émettant un sifflement caractéristique. Si on a un doute quelconque, il peut être prudent de tester une pente plus faible que celle où l'on doit s'engager. On va ainsi provoquer le tassement du manteau neigeux qui ne va pas se résoudre en avalanche, vu la pente modérée. Lorsqu'une plaque casse sous vos skis, il est déjà trop tard. La propagation de la contrainte dans le matériau solide qu'est une plaque à vent s'effectue à très grande vitesse (on parle de plusieurs kilomètres à la seconde !), et pour le spectateur, tout se passe comme si l'ensemble de la pente se brisait simultanément. Sur des documents filmés, on peut voir la propagation de la cassure depuis le point de déclenchementjusqu'au bas de la pente: en moins d'une seconde, l'ensemble du versant est déstabilisé. Le skieur n'a donc pas le temps de s'échapper. Bien souvent, il peut quand même skier sur une partie de la plaque qui est en mouvement. Et comme c'est lui qui est à l'origine du déclenchement, il se trouve dans la partie haute de l'avalanche, sur des morceaux qui descendent relativement doucement et qui ne sont pas trop chahutés et percutés comme c'est le cas plus bas. C'est sa chance car ainsi, il peut sortir latéralement de l'avalanche et s'en tirer à bon compte.

Cas de la neige lourde

C'est bien souvent la situation de fin de journée au printemps et plus rarement en période de redoux hivernal. La neige a été déstabilisée par la fonte solaire, elle est très humide et a tendance à glisser toute seule le long des pentes fortes bien exposées. Ces petites coulées sans envergure sont des signes précurseurs dont il faudra tenir compte. Les grandes avalanches de printemps se produisent souvent à des dates plus ou moins flxes, que les locaux connaissent bien. Pour les éviter, on ne circulera plus lorsque la neige descend naturellement dans les couloirs. On peut être amené à franchir un couloir, passage naturel d'une telle avalanche. Il faut savoir que le bruit provoqué par sa descente est terrifiant et qu'il vous alertera immédiatement du danger. Il va sans dire que la fuite hors du couloir est la seule forme de salut.